Le Pilier Djed est un symbole royal puissant dans l’Égypte ancienne. Il représente la stabilité, la résurrection et le pouvoir divin des pharaons.
Étymologiquement, le mot Djed signifie en égyptien ”stabilité” ou ”durée”.
Sa représentation la plus ancienne date probablement de la période qu’on appelle ”thinite” (ou archaïque) de l’Égypte. Elle correspond aux deux premières dynasties pharaoniques, environ 3100 avant notre ère.
Visuellement, le Djed ressemble à une colonne verticale avec des traverses horizontales à son sommet. Il est souvent associé au dieu Osiris, le souverain mythique du royaume des morts et de la renaissance.
Connaissez-vous son histoire ? En effet, dans la mythologie égyptienne,
Le Djed, c’est la colonne vertébrale d’Osiris.
Osiris, victime d’un complot de son frère Seth se retrouve assassiné et démembré.
Mais sa sœur et épouse, la déesse Isis part à la recherche de toutes les parties de son corps et finit par le reconstituer et le ramener à la vie.
Le pilier Djed devient ainsi le symbole de la régénération et de l’immortalité. Il est la moelle épinière, le canal par lequel circule le souffle de vie.
Les quatre plateaux du pilier représentent les vertèbres cervicales de Osiris mais pour certains ils sont également le symbole des 4 points cardinaux.
Comment le Djed était-il utilisé ?
Les anciens Égyptiens entouraient leur momies d’amulettes protectrices afin d’éloigner les forces du mal. On considérait que le Pilier Djed était l’une des plus efficaces. C’est la raison pour laquelle on la retrouve constamment dans le tombeaux pharaoniques ainsi que dans toutes les représentations des rituels sacrés.
Le Pilier Djed servait aussi en tant que talisman, amulette ou pendentif protecteur des vivants, il était donc souvent présent même dans les foyers modestes. (Comme en témoignent les nombreuses vestiges exposées aujourd’hui au musée du Louvre ou encore au musée d’Alexandrie.)
Mais savez-vous que le Pilier Djed était aussi au centre d’une fête sacré égyptienne ?
La fête Sed et sa symbolique
En effet, la signification du Pilier Djed se révèle surtout lors d’un rituel sacré exceptionnel.
La fête Sed, également connue sous le nom de fête Heb Sed, ou « jubilé du roi » était une cérémonie solennelle sacrée organisée par les pharaons égyptiens.
Elle était célébrée pour commémorer le trentième anniversaire du règne d’un pharaon, puis renouvelée périodiquement par la suite.
Quelle est sa signification ?
On considérait qu’en assassinant son frère Osiris, Seth avait renversé le Pilier Djed, c’est-à-dire la stabilité et la cohérence de l’univers. Mais Osiris a triomphé de cet acte odieux, il est revenu à la vie et il a rétabli l’équilibre de la terre et du monde céleste.
Tous les 30 ans, les pharaons célèbrent donc le rituel de la fête Sed lors du premier jour du solstice, date à laquelle les jours commencent à augmenter et prendre le pas sur la nuit.
Cette fête est préparée longtemps à l’avance, car elle nécessite beaucoup de ressources, du bétail pour les festivités, des statues représentant les Dieux, des obélisques, des offrandes, etc.
Pendant la cérémonie le pharaon est coiffé de la couronne de Haute Égypte puis de Basse Égypte pour célébrer l’équilibre entre ces deux parties du royaume.
Il tient à la main les deux sceptres du pouvoir royal, le sceptre Héqa et le Nekhekh et il recevait les hommages des dignitaires venus de tous les coins d’Égypte.
Il reçoit les hommages et les cadeaux des ambassadeurs étrangers, ensuite il visite les temples sacrés pour faire des offrandes aux Dieux.
Pendant plusieurs jours, différentes festivités ont lieu, entre autres une danse rituelle du pharaon. Elle est considérée comme un acte de connexion avec les dieux et un moyen de recharger sa puissance divine.
Le moment culminant de la cérémonie est l’érection du Djed :
En présence de son épouse, de ses enfants et des dignitaire et prêtres, le pharaon doit relever un énorme Pilier Djed et le placer en position verticale.
Par cet acte symbolique, il redonne au dieu Osiris son statut, son pouvoir et il affirme le rétablissement de l’équilibre. Le Dieux est ressuscité et l’harmonie du monde est rétablie.
Mais en redressant le pilier Djed, le pharaon redresse aussi l’axe énergétique du royaume.
Pendant la cérémonie, le pharaon prend symboliquement la place du dieu mort Osiris. Ensuite il procède à sa résurrection. La force du roi est ainsi régénérée.
Il montre de cette manière qu’il est capable d’assurer une bonne circulation des ressources entre le haut et le bas, entre le ciel et la terre.
Il montre qu’il est digne d’être le gardien du pouvoir royal et d’assurer la stabilité de la monarchie.
En réaffirmant son lien avec la puissance du Pilier Djed lors de la fête Sed, le pharaon renouvelle sa connexion avec les divinités. Il reçoit ainsi une nouvelle vitalité et une légitimité renforcée pour continuer à gouverner.
Selon le « Nouveau Dictionnaire de Mythologie Egyptienne » de l’auteure Isabelle Franco :
« Le rite d’ériger un Pilier Djed équivalait à rendre la vie au dieu. Le pilier évoque également l’indispensable stabilité du pays et la nécessité de maintenir la cohésion de la Haute et de la Basse Égypte. »
C’est la raison pour laquelle cette cérémonie était reproduite tous les 30 ans.
Ceci dit, en réalité certains pharaons n’attendaient pas 30 ans de règne pour organiser la fête de Sed.
Pour l’anecdote, Ramsès II en aurait ainsi célébré pas moins de 14 pendant ses 67 années de règne. Et dans les 10 dernières années, une fête tous les deux ans, pour ré-affirmer son pouvoir et donner à son règne une nouvelle vigueur.
Il n’est pas le seul pharaon à enfreindre la règle des 30 ans. La reine Hatchepsout entre autres avait célébré sa première fête Sed après seulement 16 ans de règne…
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P.S. Pour voir notre Pilier Djed en céramique c’est ici.